Les faits

Plus de mille jeunes de 15 à 25 ans sont attendus pour célébrer la première édition bordelaise de la Journée internationale du vivre ensemble en paix (Jivep). Fixée au 16 mai par l’ONU depuis deux ans, cette manifestation a commencé dès la veille par un « séminaire des jeunes » à l’Athénée municipale, place Christoly.

Environ 25 volontaires de cette tranche d’âge ont présenté la restitution des quatre rencontres auxquelles ils ont participé au cours du mois dernier au Consistoire israélite, à la Fédération musulmane de Gironde, à l’Institut bouddhiste tibétain KadamTcheuLing et au presbytère de la paroisse Bordeaux Bastide.

La méthode du Cercle pour travailler en synergie

« Répartis en cinq équipes avec chacune un des 17 objectifs du développement durable [établis par l’ONU pour être atteints d’ici à 2030, NDLR], ils avaient pour mission d’élaborer des solutions. Ils sont ressortis avec de vraies propositions concrètes et locales », se réjouit Hocine Sadouki, coordinateur du collectif Jivep Bordeaux et Métropole. Le groupe travaillant sur la réduction des inégalités a, par exemple, imaginé la mise en place de lieux d’échanges « moteurs d’optimisme », tandis que le groupe sur le changement climatique propose une carte interactive des poubelles pour faciliter le tri.

Auparavant, ces jeunes, représentant une mixité sociale et culturelle, ont été formés à la méthode dite du « Cercle ». « Cela permet de créer une dynamique de synergie où chacun peut s’exprimer. L’idée consiste à casser le fonctionnement pyramidal », résume l’instigateur de la Jivep bordelaise.

Persuadé que cette manière de réfléchir permet d’accroître les performances collectives face aux défis contemporains, ce membre de l’Association internationale soufie Alâwiyya (Aisa) – ONG prônant un humanisme spirituel inspiré du soufisme –, a démarché le milieu associatif bordelais. « En octobre, j’étais tout seul à porter ce projet. Aujourd’hui, nous sommes un collectif de 20 associations, représentant toutes les obédiences. La mairie nous suit. Le scoutisme français nous a rejoints », énumère Hocine Sadouki.

Une initiative approuvée par 193 pays

Nouvelle à Bordeaux, cette dynamique fête en réalité ses cinq ans. C’est le cheikh Khaled Bentounes, fondateur de l’ONG Aisa, qui l’a imaginée en 2014, au Congrès international féminin pour une culture de paix à Oran, en Algérie. Le 8 décembre 2017, la mise en place d’une Jivep est adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, à l’unanimité des 193 pays.

« Notre objectif demeure le même : faire de cet événement un avènement pour aller vers la culture de la paix », affirme Khaled Bentounes. Pour lui, la réponse aux problèmes politiques, sociaux ou encore environnementaux, passe par « un monde plus inclusif où nous pourrons mettre nos compétences en synergie et non en compétition. »

Et ce vœu semble ne pas rester pieux. Depuis Cordoue en Espagne, désignée cette année « ville du vivre ensemble », le cheikh salue la multitude des initiatives sur les cinq continents, de l’Afghanistan au Bénin en passant par « plein de petits villages d’Indonésie qui célèbrent cette journée ».

Certains pays comme l’Algérie, le Maroc et la Hollande ont même déjà inauguré leurs « Maisons de la paix », lieux d’échanges et de réalisations des propositions émergentes. « Il n’y en a pas encore en France mais ça va venir », espère Khaled Bentounes. La mairie de Bordeaux pourrait en effet, selon Hocine Sadouki, financer prochainement un tel projet, après avoir mis à disposition, pour cette première édition, du matériel, une salle et les quais des sports de Saint-Michel. D’autant que, d’après son fondateur, « le collectif devrait doubler voire tripler d’ici l’année prochaine. »

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