El-Moudjahid
le 3 mai 2018
par Nora Chergui
L’Algérie aspire à faire de la Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix, une dynamique de paix et de tolérance qui rayonnera sur l’ensemble de la planète.
L’institution de la Journée internationale du vivre ensemble en paix, par les Nations unies, projet porté par l’Algérie, est une autre victoire diplomatique pour notre pays. Elle est surtout la consécration de la politique de réconciliation nationale prônée par le Président de la République, et plébiscitée par le peuple. Le Forum d’El Moudjahid est revenu, hier, sur la genèse et l’acheminement de ce projet, dont l’esprit et la philosophie lui ont permis d’être adopté à l’unanimité par tous les 193 États membres de l’instance onusienne.
L’article 1 de la résolution onusienne, adoptée le 8 décembre 2017, proclame le 16 mai, Journée internationale du vivre ensemble en paix. L’article 4 invite «les États Membres à continuer d’agir en faveur de la réconciliation afin de contribuer à la paix et au développement durable, notamment en collaborant avec les communautés, les chefs religieux et d’autres parties prenantes, en prenant des mesures de réconciliation et de solidarité, et en incitant les êtres humains au pardon et à la compassion». Ce qui s’inscrit en droite ligne de la démarche de notre pays investi dans la promotion des valeurs de la culture de la paix et de la réconciliation, ainsi que dans la mobilisation des efforts de la communauté internationale en faveur de la tolérance et de la fraternité.
Le 16 de ce mois sera, pour la première fois, célébré, dans le monde entier, le Vivre ensemble en paix. En France, les mosquées, les églises, les synagogues célèbreront cette journée, qui doit rappeler à tous que l’on peut se rassembler sans pour autant se ressembler. C’est ce qu’a annoncé, hier, Cheikh Khaled Bentounes, guide spirituel de la Tariqa Alawiya, qui connaît très bien le projet. Pour lui, ce sera une réponse au Manifeste qui se distingue par la violence des mots et la stigmatisation de la communauté musulmane.
Un texte qui va jusqu’à monter une communauté contre une autre. Notre invité, qui connaît très bien le dossier, a retracé la genèse de ce projet, qui a démarré à Oran en 2014, à l’occasion de la tenue du «Congrès international féminin pour une culture de paix», organisé par l’Association internationale Soufie Alâwiyya (AISA ONG Internationale), placé sous le haut patronage du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Les 3.200 congressistes venant de 25 pays et les dizaines d’ONG du monde entier qui y avaient pris part avaient, dans une déclaration finale, appelé à l’instauration de la Journée internationale du «vivre ensemble en paix». Depuis, la machine s’est mise en branle. Après trois longues années, où la diplomatie algérienne a usé de tout son savoir-faire, de sa réputation. Le 22 septembre 2017, la Délégation de la Mission algérienne, présidée par le chef de la diplomatie Abdelkader Messahel, présente à l’ONU la résolution pour l’adoption de la Journée internationale du vivre ensemble. Trois mois plus tard, le 8 décembre, le projet a été adopté par consensus, lors de la 72e Assemblée générale de l’ONU. Un fait rarissime dans les annales de l’instance onusienne. Pour preuve, le même jour, la résolution visant à faire de 2019, l’année de la Modération, présentée par la Malaisie, a été approuvée, mais pas par la totalité des États membres. C’est dire toute la place qu’occupe l’Algérie dans le concert des nations. Ce qui doit constituer, pour nous Algériens, souligne, notre invité, un motif de fierté. Il faut dire que la voix de notre pays est écoutée, et ses propositions sont toujours prises en compte, car c’est un pays crédible, comme le souligne si bien Cheikh Khaled Bentounes. Cette victoire diplomatique rappelle celle de 1974 l’année, où l’Afrique du Sud, sous le régime de l’apartheid, avait été exclue de l’ONU. À cette époque, Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères, présidait la séance plénière de l’ONU. Le système de l’apartheid érigé en système de gouvernance séparée était désavoué au plan international. Et l’Afrique du Sud avait perdu son siège à l’Onu. Le courage diplomatique de Bouteflika a été salué de par le monde. 1974, c’est aussi sous la présidence du ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika, que le défunt Yasser Arafat prononce son premier discours. Un discours historique clos par une phrase célèbre : «Aujourd’hui, je suis venu ici avec un rameau d’olivier dans une main, et un fusil de combattant de la liberté dans l’autre main. Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main.» Justement, en militant pour l’instauration d’une Journée internationale pour le vivre ensemble en paix, l’Algérie aspire à faire de cette journée, une occasion pour mettre entre parenthèse les haines et les conflits. Pour Cheikh Khaled Bentounes, c’est une Journée d’espoir, car «elle nous invite à changer, à aller l’un vers l’autre, à se comprendre et à agir ensemble dans la synergie, jusqu’à ce que la culture de paix soit pour nous tous le fondement de ce nouveau monde que nous souhaitons pour nous- mêmes et pour les générations à venir». Il y a lieu de noter qu’en Algérie, un dense programme d’activités a été mis en place, impliquant tous les secteurs concernés, pour faire de cette journée, une dynamique pour la paix et la tolérance qui rayonnera sur l’ensemble de la planète.