Quand le Cheikh Khaled Bentounès, le guide spirituel de la Tariqa Alawiyya, est venu faire, en août dernier, à Alger, le point sur le projet d’une « Journée internationale du Vivre Ensemble en Paix », tous ses interlocuteurs, journalistes, personnalités de la société civile et autorités, ont compris qu’ils allaient être invités encore une fois à redécouvrir la dimension essentielle de notre culture que notre conditionnement abstrait a fini par occulter.

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En effet, lors du Congrès du féminin, organisé en 2014 à Oran par l’association l’Association Internationale Soufie Alawiyya (AISA), dont le président d’honneur n’est autre que le Cheikh Khaled Bentounes, a germé l’idée de demander à l’ONU d’instituer une « Journée internationale du Vivre Ensemble en Paix ».

Cette idée, accompagnée d’une demande de parrainage, a été ensuite proposée au ministre des affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui l’a acceptée avec un grand enthousiasme. Depuis, un long processus a conduit les deux parties à collaborer étroitement afin de confectionner une résolution conforme aux principes onusiens et ensuite proposer ce projet aux différents Etats lesquels ont spontanément accordé toute leur confiance et leur soutien à cette initiative.

A Alger comme à New York (photo), le Ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel et le Cheikh Khaled Bentounès ont eu l’occasion de travailler étroitement sur le projet de résolution et par la même d’aborder longuement des questions relatives aux lignes de fracture civilisationnelles et religieuses, ainsi que des conflits alimentés par de vieilles suspicions, en faisant appel à la pédagogie pour montrer que ces conflits sont nourris par, et nourrissent à leur tour, la xénophobie, l’intolérance, la violence, le racisme et l’exclusion, ainsi que par les discriminations ethnique, religieuse ou linguistique.

En effet, de nouvelles idéologies extrémistes et des formes de haine alimentent, de nos jours, l’extrémisme violent et les actes de terrorisme dans différentes parties du monde, et personne ne peut se considérer immunisé ou protégé.

Cet état de fait peut dans une large mesure, s’expliquer par l’absence de dialogue, le manque de compréhension et de tolérance entre les religions, cultures et civilisations.

Pour faire face aux conséquences néfastes des préjugés négatifs et au phénomène croissant de la radicalisation violente, les Nations Unies ont déjà fait preuve d’une volonté résolue de promouvoir la tolérance et les valeurs de la culture de la paix, d’encourager le dialogue et la compréhension mutuelle entre les peuples et de lutter contre la discrimination sous toutes ses formes. Les Nations Unies sont aussi le creuset de ce dialogue. Il reste, cependant, que le maillon manquant de la chaîne en faveur du dialogue, du rapprochement, du rassemblement et de l’enrichissement mutuel est le concept de « Vivre Ensemble en paix ».

De fait, ce concept se trouve au cœur même de la Charte des Nations Unies, tout comme dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, ainsi que dans la Déclaration et le Programme d’action sur une culture de la paix. En outre, à travers ses Objectifs, le Programme de Développement Durable à l’horizon 2030 incarne parfaitement ce désir collectif de la communauté internationale de « Vivre Ensemble ».

Dans cet état d’esprit, à Istanbul, au mois de mai 2016, lors du Premier Sommet Humanitaire Mondial, le Cheikh Bentounès a marqué, de sa présence effective, l’Assemblée en faisant, dans son discours, la promotion de l’idée d’une « humanité par la culture du lien et une citoyenneté imprégnée des valeurs essentielles du  » Vivre Ensemble  » où personne n’est laissé de coté ».

 Promouvoir le « Vivre Ensemble »

À l’origine, comme indiqué plus haut,  l’initiative de promouvoir le « Vivre Ensemble » a émergé en 2014, lors du « Congrès international féminin pour une culture de paix », organisé à Oran (Algérie) par l’Association Intemationale Soufie Alâwiyya (AISA ONG Internationale), placé sous le Haut  Patronage de S.E.M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République algérienne. Les 3200 congressistes venant de 25 pays et les dizaines d’ONG du monde entier qui y ont participé ont vivement recommandé, dans la Déclaration d’Oran, l’instauration une Journée Intemationale du « Vivre Ensemble ».

Ce projet a été présenté par AISA lors de la 59eme session de la Commission de la condition de la Femme de l’ECOSOC, tenue à New York en mars 2015.

Poursuivant ses actions de promotion du nouveau concept, l’AISA a organisé, en septembre 2016, une cérémonie de remise du Prix international « Emir Abd el-Kader pour la promotion du  » Vivre Ensemble  » et de la coexistence pacifique en Méditerranée et dans le monde » pour distinguer des personnes physiques et morales, ayant apporté une contribution significative à la pratique du « Vivre Ensemble » et de la coexistence pacifique entre les peuples.

Le Prix 2016 a été décerné à trois éminentes personnalités : M. Lakhdar Brahimi, ancien Ministre algérien des Affaires Étrangères et Médiateur des Nations Unies, M. Federico Mayor Zaragoza, ancien Directeur Général de l’UNESCO, et l’Ambassadeur Raymond Chrétien, Président de l’Observatoire International des Maires sur le vivre ensemble.

Continuant ses efforts, le leader spirituel et Président d’Honneur d’AISA, le Cheikh Khaled Bentounes a été accueilli à New York en octobre 2016 par le Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies, M. Peter Thomson, et a rencontré un certain nombre de Représentants Permanents pour leur expliquer la portée et le sens de la démarche algérienne en faveur d’une Journée Internationale du Vivre Ensemble.

Ayant mis fin aux affres du terrorisme avec la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, l’Algérie croit profondément en ce concept du «Vivre Ensemble» et s’est engagée à assurer sa promotion auprès des autres Etats-membres des Nations Unies pour sa consécration par une Résolution de l’Assemblée Générale, sous la forme d’une «Journée Internationale du Vivre Ensemble en paix».

Comme le disait Sandford Fleming, en 1884, lors de la Conférence internationale de Washington : «Le monde entier est devenu voisin, une parenté intime s’est établie. Nous n’avons qu’un globe, qu’un univers, quelle que soit la multitude des parties qui le composent».

Une résolution adoptée à l’unanimité 

Une fois les questions procédurales réglées et le consensus acquis, l’Assemblée générale des Nations Unies et à l’initiative de l’Algérie a adopté vendredi  8 décembre 2017 à l’unanimité (193 Etats) une résolution par laquelle elle proclame le 16 mai Journée internationale du vivre-ensemble en paix.

Cette démarche algérienne vise à mobiliser les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix, de la tolérance, de l’inclusion, de la compréhension et de la fraternité.

La célébration annuelle de cette Journée sera donc l’occasion pour tous d’exprimer le désir de vivre et d’agir ensemble, unis dans la différence et dans la diversité, en vue de bâtir un monde de paix, de solidarité et d’harmonie.

Par cette résolution, l’Assemblée générale invite les Etats à continuer de promouvoir la politique de réconciliation nationale dans leurs pays respectifs, à l’instar de l’expérience algérienne initiée par M. le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, afin de contribuer à la paix et au développement durable, en collaboration avec les parties prenantes, notamment les communautés religieuses et leurs dirigeants.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a désigné l’UNESCO comme institution internationale chargée de faciliter la célébration de la Journée internationale du vivre-ensemble en collaboration avec les autres organismes compétents.

Présentant cette initiative à la plénière de l’Assemblée Générale, et conformément aux orientations, le représentant de l’Algérie a réaffirmé « l’attachement de l’Algérie à la culture de la paix, à la réconciliation nationale et à la solidarité », et rappelant que « l’Algérie est située au carrefour de nombreuses cultures, religions et civilisations qui ont façonné son passé, qui constituent l’essentiel de son présent, et qui continueront de façonner son avenir ».

Lors de l’adoption de cette résolution, plusieurs pays ont pris la parole pour souligner l’importance de cette proposition et féliciter l’Algérie d’avoir porté cette initiative au sein des Nations Unies en tant que contribution visant à promouvoir la culture de paix.

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