Le Québec était en émoi devant un reportage de TVA indiquant à tort que des responsables musulmans auraient exigé que des femmes travaillant sur un chantier près de deux mosquées de Montréal ne puissent être présentes le vendredi à l’heure de la prière. Cette affaire a provoqué une fois de plus l’inflammation verbale sur les réseaux sociaux.

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La conclusion de l’enquête de la Commission de la construction du Québec (CCQ) a bien montré que les mosquées et leurs responsables n’avaient jamais formulé une telle demande.

Mais le reportage a provoqué une nouvelle vague de propos haineux contre la communauté musulmane. Malgré les excuses et le démenti, des gens de mauvaise foi y ont vu un complot visant à protéger les islamistes! Et voici que les réseaux s’enflamment de nouveau…

Et s’ils voulaient vraiment la paix?

Pendant que nous déchirions nos chemises à chercher le vrai dans cette affaire, l’ONU venait d’approuver unanimement l’instauration d’une Journée internationale du vivre-ensemble en paix qui se tiendra annuellement le 16 mai. C’est le fruit d’un travail de trois ans de la confrérie soufie alâwiyya, algérienne et musulmane.

À Noël, la tradition veut que des anges annoncent la paix à toutes les personnes de bonne volonté. Mais certains doutent encore que des musulmans puissent vraiment vouloir la paix.

C’est pourtant le «combat» de la branche soufie, estimée à 300 millions de fidèles dans le monde. Ils constituent une minorité souvent persécutée par certains courants majoritaires, surtout lorsqu’ils y sont encouragés par la montée du salafisme wahhabite (Arabie saoudite). C’est une mosquée soufie, en Égypte, qui a été récemment la cible d’un assaut terroriste tuant plus de 305 fidèles, dont des dizaines d’enfants.

Quel intérêt cette minorité aurait-elle à militer pour la paix mondiale alors qu’elle pourrait répondre violemment aux attentats et aux persécutions dont elle fait l’objet?

Un peu à l’image de l’évangile de Jean pour les chrétiens ou la kabbale juive, c’est une lecture spirituelle du Coran qui, dès le premier siècle de l’islam, a poussé certains croyants à reconnaître un fil d’interprétation qui part de la dimension du cœur, donnant par le fait même un sens plus intérieur au livre saint des musulmans.

Identité nationale et inclusion

À l’occasion de la première Journée internationale du vivre-ensemble en paix – qu’il ne faudra pas confondre avec Journée internationale de la paix – les Québécois sauront-ils se détacher des mouvements d’exclusion et de haine qui ne perçoivent dans l’islam qu’une violence radicale incarnée par des mouvements terroristes comme Al Qaida et Daech? Parviendront-il à faire écho à ces voies du cœur présentes dans toute quête spirituelle authentique et, par-delà leurs propres croyances diversifiées, manifester leur appartenance commune à l’humanité?

Il faut se réjouir de cette initiative et davantage encore parce qu’elle a été lancée et défendue par des musulmans et suscité l’adhésion de 172 États membres de l’ONU, dont le Canada.

L’alternative entre la montée de l’intolérance et le choix collectif de la paix interroge l’identité québécoise. Cherchant sa place dans le monde, le Québec n’aurait-il pas intérêt, en tout premier lieu, à se laisser convaincre de son appartenance première à l’humanité sans que celle-ci n’altère quoi que ce soit de son caractère distinct?

Peut-on rêver qu’un jour, comme pour tant d’autres «journées internationales» visant l’inclusion, la grande famille humaine n’ait plus à devoir recourir à de telles initiatives de conscientisation, quand les cœurs auront été gagnés, un à un, par ce désir de vivre ensemble dans la paix?

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